Il y a un an jour pour jour, le Premier Ministre annonçait l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Au-delà de la satisfaction qu’elle a générée sur un dossier qui aura beaucoup mobilisé notre mouvement, cette annonce ouvrait de nouveaux champs de questionnements : un an après, quelles leçons en ont été tirées en termes de dialogue environnemental ? Quid de l’avenir de la ZAD et de la modernisation de l’aéroport de Nantes-Atlantique ?
Dialogue environnemental : des pratiques à changer
« Pour le futur, il faudra aussi tirer les leçons de l’échec de Notre-Dame-Des-Landes en termes de débat public, de procédure, de présentation et de discussion des alternatives ». Force est de constater qu’un an après cette déclaration d’Edouard Philippe, aucun acte tangible n’est allé dans le sens d’une rénovation du dialogue environnemental pourtant indispensable pour penser intelligemment l’aménagement du territoire et apaiser les tensions générées par certains projets. C’est pourtant ce à quoi appelait le rapport de médiation, trop rapidement oublié par le gouvernement.
Au contraire, la multiplication des réformes visant à la « simplification » du droit de l’environnement conduit à exclure de plus en plus de projets de procédures de participation du public. Et les pratiques restent malheureusement inchangées : tandis que dans le Tarn-et-Garonne les autorités laissent se dérouler les travaux parfaitement illégaux du barrage de Caussade, elles autorisent en Alsace la réalisation du Grand Contournement Ouest de Strasbourg, autre projet dont les alternatives n’ont jamais pu être sincèrement discutées. Le Grand Débat proposé par le président de la République en réaction au mouvement des gilets jaunes constitue-t-il une prémisse d’un mode de gouvernance différent ? Il est bien trop tôt pour le savoir.
Devenir de la ZAD : une stabilisation bienvenue
Alors que les mois qui ont suivi l’annonce de l’abandon du projet avaient donné lieu à des images désolantes de violences dans la ZAD dans un contexte d’expulsions, la situation s’est heureusement pacifiée depuis. De nombreux habitants de la zone ont ainsi pu présenter des projets agricoles crédibles et respectueux de l’environnement et obtenir des conventions d’occupation précaires. Cette situation temporaire devra se stabiliser suite à la redistribution des terres, qui donnera notamment lieu à un transfert de l’Etat vers le Conseil départemental de Loire-Atlantique.
FNE Pays de la Loire, qui siège au sein du comité de suivi du diagnostic agronomique et environnemental de la ZAD, souhaite évidemment que la gestion à venir des terres ait pour modalité première les pratiques agroenvironnementales, afin d’éviter que ce qui a été préservé soit mis à mal par l’agriculture intensive. La révision du plan local d’urbanisme de Notre-Dame-des-Landes doit par ailleurs permettre d’identifier les éléments naturels à préserver impérativement sur le territoire de la ZAD, y compris contre l’urbanisation, et de dessiner un vrai projet de territoire.
Modernisation de Nantes-Atlantique : un chantier qui reste entier
Réclamée de longue date par les opposants au projet de Notre-Dame-des-Landes, la modernisation de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique donnera lieu à une concertation au cours du printemps 2019. Les associations de notre mouvement et l’Atelier Citoyen, qui a fait de multiples propositions argumentées sur le sujet au cours des années précédentes, y participeront en ayant comme préoccupations premières l’amélioration du contexte sonore et la prise en compte des milieux naturels.
Dans l’attente de cette concertation, il est plus que jamais nécessaire d’actualiser le plan de gêne sonore, qui date de 2003 et ne correspond plus aux réalités de terrain. En outre, la ministre des Transports a adopté le 3 septembre dernier un arrêté portant interdiction, à compter du 31 mars 2019, des vols de nuit pour les avions les plus bruyants, mesure que nous avons soutenue. Il est nécessaire d’étendre ce couvre-feu, ce à quoi la mairie de Nantes s’oppose actuellement.