Le 4 juillet 2019 devait être organisée à Nantes, par la Préfecture de région et le Conseil régional des Pays de la Loire, la deuxième Conférence ligérienne de l’eau afin d’aborder les problématiques régionales de la gestion de l’eau et l’intérêt d’une action collective pour s’en saisir. La veille, à 22h21, tous les acteurs de l’eau qui devaient y participer, ont été informés par mail de l’annulation de cette rencontre en raison du boycott annoncé par les syndicats agricoles FRSEA et Jeunes Agriculteurs ainsi que la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire. La raison ? La signature du traité de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur.
Un caprice particulièrement déplacé
Aussi critiquable que cet accord puisse être, menacer de boycotter cette conférence pour un traité sans relation avec la gestion de l’eau en Pays de la Loire relève du caprice. L’annulation de la conférence qu’il a engendrée est lourde de conséquences. Au-delà des aspects purement pratiques d’une annulation à quelques heures de la tenue de l’évènement (déplacements prévus, frais engagés…), c’est la prise en charge collective d’un problème prégnant qui est reportée. Alors que plusieurs bassins sont déjà en crise et soumis à des mesures de restrictions des usages en raison de la pénurie d’eau, c’est la possibilité d’échanger sur les besoins d’économies d’eau qui est reportée. Jean-Christophe Gavallet, président de FNE Pays de la Loire s’indigne « alors que seulement 11 % des masses d’eau ont atteint l’objectif de bon état, ce sont les échanges sur la diminution des intrants et des rejets dans le milieu qui n’ont pas été possibles. Alors que les questions de gouvernance et de projets collectifs devaient être abordées, c’est l’expression de certains représentants agricoles qui prédomine et pénalise les autres acteurs ».
Une urgence à repenser les usages de l’eau en agriculture
L’urgence de prendre en charge ces problématiques supportera difficilement des reports et crispations. Le lobbying agricole est ainsi préjudiciable aux autres usagers et aux milieux aquatiques voire même à l’intérêt de la profession qu’il représente. Les activités polluantes et consommatrices en eau doivent être repensées collectivement pour retrouver un environnement sain. Selon Yves LEPAGE, vice-président de FNE Pays de la Loire : « Ce sont des changements de pratiques qu’il nous faut tous préparer et anticiper. Différer la réflexion collective en boycottant une réunion n’y contribue pas. FNE Pays de la Loire, même si elle a des points de désaccords avec des politiques nationales et régionales, estime irresponsable de ne pas y participer pour exprimer son analyse sur les sujets et se trouve lésée dans les opportunités dont elle a été privée. »