Les tenants de l’agriculture intensive ont obtenu du gouvernement que les règles d’application des pesticides vis-à-vis des riverains des cultures soient assouplies en plein confinement, sans que la moindre concertation n’ait été organisée. Les associations de protection de l’environnement et des consommateurs dénoncent ce procédé inacceptable et demandent la mise en place de distances de pulvérisation protectrices de la santé humaine.
Confinés… et pollués !
Alors que les français sont pour une majorité d’entre eux confinés chez eux, des applications de pesticides sont actuellement en cours en Pays de la Loire à proximité directe des habitations. Difficile, dans ces conditions, d’échapper à ces molécules dangereuses pour la santé !
« Nous avons reçu plusieurs alertes signalant des pulvérisations réalisées à la limite des propriétés » indique Jean-Christophe Gavallet, président de FNE Pays de la Loire. « Ceci s’explique par la décision prise par le gouvernement fin mars de réduire les distances minimales d’application ».
Un assouplissement de la règlementation réalisé sans la moindre concertation
Suite à une condamnation par la justice, l’Etat décidait en décembre 2019 la mise en place de distances minimales à respecter vis-à-vis des propriétés voisines afin de limiter ce risque (10m pour les cultures hautes, 5m pour les autres). Déjà jugées largement insuffisantes par nos associations, ces distances pouvaient être réduites (5 et 3 mètres) en cas d’adoption d’une charte départementale négociée entre représentants agricoles et riverains, actant en contrepartie d’autres mesures permettant de réduire le risque de dérive. Une négociation d’entrée peu crédible puisque pilotée par les chambres d’agriculture…
« Les tenants de l’agriculture intensive ont en outre fait pression sur le gouvernement pour accélérer le calendrier » explique Pierre Guillaume, administrateur référent Agriculture-Environnement de l’UFC Que Choisir Pays de la Loire. « Par une instruction ministérielle parfaitement illégale du 3 février 2020, il a été indiqué que les réductions de distance prenaient effet dès lors qu’était engagée une concertation, même non achevée. Puis le ministre de l’Agriculture a indiqué fin mars qu’en raison du confinement et devant l’impossibilité de mener des concertations, les réductions étaient immédiatement applicables… Résultat : des distances réduites s’appliquent dans tous les Pays de la Loire sans qu’un seul riverain n’ait eu la possibilité de donner son avis sur le sujet ! »
La nécessité d’un réel dialogue entre riverains et agriculteurs
La sortie des pesticides est un horizon nécessaire pour la biodiversité, la santé humaine et, première concernée, l’agriculture elle-même. « Dans l’attente des changements sociétaux structurants qui permettront d’atteindre cet objectif, un véritable dialogue doit être engagé entre riverains et agriculteurs pour permettre que ces activités respectent au mieux les aspirations légitimes de la population à bénéficier d’un environnement sain » estime François Halligon, président de la LPO Pays de la Loire. « Si cela passe par des discussions directes de bon voisinage, il est nécessaire qu’un signal positif soit envoyé en revenant immédiatement sur les réductions de distance décidées dans chaque département sans justification et sans information de la population ».
FNE Pays de la Loire, ses fédérations départementales, la LPO Pays de la Loire et l’UFC Que Choisir Pays de la Loire demandent à l’ensemble des exploitants agricoles concernés de respecter a minima les distances de non traitement prévues par l’arrêté ministériel du 27 décembre 2019. Elles viennent par ailleurs de demander par courrier aux chambres d’agriculture et aux préfets de département de s’engager à ce qu’une réelle concertation sur l’usage des pesticides soit engagée dès que le contexte sanitaire le permettra.