Depuis le début de l’année 2022, les pluies se sont faites rares en Pays de la Loire. Une situation qui n’a pour le moment pas d’impact sur la production agricole, avec une humidité des sols qui reste proche de la normale saisonnière, mais qui oblige à s’interroger sur notre gestion de la ressource en eau. Alors que la solution du stockage hivernal de l’eau est perpétuellement mise en avant comme une solution face au changement climatique, FNE Pays de la Loire alerte sur les risques de ces choix inadaptés.
Des cumuls de précipitations en dessous de la moyenne
En Pays de la Loire, les pluies ont été inférieures de 20 à 40 % par rapport à la moyenne saisonnière de l’hiver, avec des mois de janvier et de février particulièrement secs. Dans le Sud-Est de la France, cela a pu aller jusqu’à – 80 %. L’Espagne et le Portugal connaissent eux des épisodes de sécheresse en plein hiver, avec une aridité précoce et des réservoirs de barrages déjà à trois-quart vides. Or, les pluies sont importantes à cette saison : les nappes phréatiques se rechargent par infiltration de l’eau dans les sols, les zones humides se remplissent, les crues modèlent les petits cours d’eau… le bon fonctionnement du cycle de l’eau est assuré. Les pluies hivernales sont utiles au bon fonctionnement des milieux aquatiques terrestres comme des écosystèmes côtiers.
Une invitation à repenser notre gestion de l’eau
Or certains représentants agricoles préconisent de développer des stockages remplis par de l’eau considérée comme « tombant abondamment en hiver » pour pouvoir l’utiliser l’été en irrigation, face au manque d’eau en période estivale, renforcé par le changement climatique. La situation de l’hiver 2022 doit donc nous amener à nous réinterroger sur les risques que comporte la création de nouveaux stockages, loin de la « solution miracle ». D’une part ils s’ajouteraient à ceux déjà existants qui impactent le bon état des eaux : en Pays de Loire, 40 000 plans d’eau (tous usages) sont en effet recensés et constituent déjà un facteur prouvé de dégradation de l’eau et des milieux aquatiques. D’autre part, le risque que les réservoirs d’eau hivernale ne soient pas suffisamment remplis pour assurer la satisfaction des besoins prévus n’est pas à écarter. « Pousser sans réflexion dans le sens de plus d’irrigation via le stockage est dangereux » précise Jean-Christophe GAVALLET, président de FNE Pays de la Loire, « à la fois pour les milieux naturels et pour les usages agricoles à qui l’on fait miroiter un espoir d’abondance ». Florence DENIER-PASQUIER, administratrice de FNE Pays de la Loire, ajoute : « Pour anticiper le changement climatique et le manque d’eau à venir en période estivale, nous n’échapperons pas à une approche concertée à l’échelle des bassins versants pour économiser et partager la ressource entre tous les usagers, tout en laissant sa part à la nature qui doit aussi s’adapter aux bouleversements climatiques. Pour les productions agricoles, le tournant vers l’agroécologie pour améliorer les capacités des sols à retenir l’humidité, la restauration des haies et des zones humides qui contribuent à ralentir le cycle terrestre de l’eau, la sobriété et la gestion collective pour pouvoir mieux s’adapter à un climat qui change, doivent être prioritaires. »
Article publié le 14 mars 2022