A la veille du Salon de l’Agriculture, les résultats du sondage FNE/CSA sur l’agriculture et l’alimentation sont sans appel : les Français réclament plus de transparence sur le contenu de leurs assiettes.
Plus de 9 Français sur 10 souhaitent que l’utilisation de pesticides dangereux soit signalée par un affichage sur les produits alimentaires concernés. En matière d’élevage, la quasi-totalité des Français souhaiteraient que les produits alimentaires issus d’animaux élevés en batterie ou sans accès au plein air, tels que les volailles, les porcs ou les veaux, le signalent clairement sur leur emballage, 71 % le souhaitant « Tout à fait ». 95 % des Français soutiennent la mise en place d’une appellation « Nourri aux OGM » sur les emballages de produits alimentaires issus d’animaux nourris aux OGM, 69 % allant jusqu’à qualifier de « Très bonne chose » cette proposition.
Sondage exclusif Institut CSA / France Nature Environnement réalisé par Internet du 17 au 19 février 2014, échantillon national représentatif de 1006 personnes âgées de 18 ans et plus.
Exigeons plus de transparence
Il apparaît donc nettement que les Français réclament davantage d’information sur leur alimentation, sont soucieux de sa qualité, mais aussi qu’ils font le lien entre cette dernière et les conditions de production, d’élevage, de bien-être animal.
Pour Bruno Genty, président de France Nature Environnement, ces résultats démontrent à quel point la demande de transparence est forte dans l’opinion : « Sortons de l’hypocrisie ! La communication positive, la promotion des productions les plus vertueuses, bio ou label rouge par exemple, ne suffisent pas. Nous avons le droit de savoir si un animal a été élevé de façon industrielle, sans voir le jour et nourri aux OGM, si les produits agricoles ont été traités avec des pesticides dangereux. Le législateur doit entendre cette demande pressante des consommateurs et citoyens.«
Qu’il s’agisse des lasagnes au cheval, de la vache folle ou des saumons imbibés de métaux lourds, les scandales récents et répétés rappellent que l’industrialisation de l’agriculture produit une alimentation de moindre qualité et un manque de maîtrise de la chaîne alimentaire. Nous en sommes persuadés : un affichage clair influerait sur les comportements d’achats, faisant des consommateurs des « consomm-acteurs » et favoriserait le développement de l’agriculture durable.
Les résultats du sondage
Certains pesticides utilisés en agriculture sont suspectés de comporter des risques pour la santé de l’homme, notamment d’induire des cancers. Vous personnellement, souhaitez-vous que l’utilisation de ces pesticides soit signalée par un affichage sur l’emballage des produits alimentaires concernés?
Oui, tout à fait 73 %
Oui, plutôt 20 %
Non, plutôt pas 5 %
Non, pas du tout 2 %
Total 100,0%
Concernant les produits alimentaires issus d’animaux nourris aux OGM, considérez-vous que la présentation d’une mention « nourri au OGM » sur leurs emballages serait une… ?
Très bonne chose 69 %
Plutôt bonne chose 26 %
Plutôt mauvaise chose 4 %
Très mauvaise chose 1 %
Total 100,0%
Et concernant maintenant les produits alimentaires issus d’animaux élevés en batterie ou sans accès au plein air (volailles, porcs, veaux,…), souhaitez-vous que cela soit mentionné sur leurs emballages?
Oui, tout à fait 71 %
Oui, plutôt 23 %
Non, plutôt pas 5 %
Non, pas du tout 1 %
Total 100,0%
Notre analyse
Pesticides dangereux : 92,8 % des Français favorables à la mention de leur utilisation
Inquiets pour leur santé, les Français veulent savoir si leurs produits alimentaires ont été traités avec des pesticides dangereux.
Les dangers de certains pesticides, utilisés dans l’agriculture intensive et qu’on retrouve jusque dans le lait maternel, sont connus. Une étude collective coordonnée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) soulignait, en juin 2013, les liens probables entre l’exposition aux pesticides et plusieurs pathologies (cancers, maladies neurodégénératives, malformations du fœtus…)
Certains pesticides contiennent des perturbateurs endocriniens, qui agissent à très faible dose, aux effets transgénérationnels. Parmi eux : des troubles de l’équilibre hormonal, avec des altérations de la croissance, du développement, du comportement et de l’humeur, de la production, de l’utilisation et du stockage de l’énergie, du sommeil, du sang, de la fonction sexuelle et reproductrice. Mais aussi des cancers. Ces perturbateurs endocriniens provoquent également une réduction de fertilité des animaux, des déformations de squelettes et des phénomènes de féminisation des espèces.
Les agriculteurs, premiers utilisateurs de pesticides, sont directement concernés par ces risques, comme les riverains des exploitations. Au-delà, tous les consommateurs et les citoyens sont touchés par leur santé, soit indirectement par la pollution chimique de leurs territoires.
Pour Mme José Cambou, responsable des questions de santé-environnement à FNE, « Il est grand temps de prendre en compte les impacts sanitaires et environnementaux catastrophiques de certains de ces produits et de mettre en place plus de transparence.«
Élevage : pour un étiquetage « nourri aux OGM », « élevé en batterie »
L’image d’Epinal de la ferme avec sa vache broutant paisiblement l’herbe verte et ses poules gambadant en plein air, véhiculée par le salon de l’Agriculture, a vécu !
Aujourd’hui, nombre d’animaux ne voient jamais la lueur du jour, enfermés dans des installations gigantesques. Pour éviter tout risque d’épidémie, ils sont soumis à une multitude de traitements médicamenteux, notamment antibiotiques. Ce qui provoque la résistance des bactéries, mais aussi des pollutions. Dans les hangars, les conditions de vie sont inacceptables en termes de bien-être animal. Les Français y sont sensibles.
En outre, dans de nombreux élevages, les animaux sont nourris – qu’il s’agisse de volailles, de porcs, de bovins ou de moutons – avec des tourteaux de soja, bien souvent OGM, pour l’apport de protéines. Les résultats du sondage plaident pour un affichage clair sur les produits nourris avec des OGM.
Là encore, France Nature Environnement dénonce l’absurdité du système. Pour Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à France Nature Environnement : « Notre pays interdit la culture des OGM sur son territoire, reconnaissant ainsi leur nocivité pour l’environnement. Mais en importe massivement pour l’alimentation animale ! C’est une situation ubuesque. » D’autant plus que la France est parfaitement capable de subvenir à ses propres besoins protéiniques en produisant sur son territoire, sans OGM, des espèces locales comme la luzerne, la féverole ou les pois.
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