Certains articles de presse s’en sont fait l’écho, les précipitations du mois d’avril 2020 ont été particulièrement faibles, amenant certains territoires à craindre un épisode de sécheresse agricole. Sans se vouloir alarmistes, de tels évènements doivent nous rappeler l’importance de cette ressource et le besoin primordial de prévoir et de pouvoir s’adapter aux variations de sa disponibilité.
MétéoFrance a mis en lumière le manque important de précipitations par rapport à la moyenne mensuelle pour ce mois d’avril 2020. La recharge hivernale des nappes a été bonne mais ce sont d’avantage les eaux superficielles et les sols qui ont été impactés. Avec des températures plus chaudes (en moyenne, 2°C à 3°C de plus) et donc asséchantes, l’humidité dans les sols s’est retrouvée à un niveau particulièrement bas. Cela conduit à une sécheresse agricole, où le sol est trop sec pour permettre la croissance végétale.
Certains départements à l’Est de la France ont été particulièrement touchés. Le manque de précipitations a été jusqu’à impacter les débits des cours d’eau, dans le centre de la France. Les seuils des arrêtés sécheresse ont été dépassés dans des départements de Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie, avec des situations de crise dans l’Hérault.
En Pays de la Loire, la situation a été moins dramatique. En Maine-et-Loire, seul département où l’arrêté cadre a prévu des seuils de printemps, aucune mesure de restriction n’a été enclenchée, même si certains bassins ont dépassé les débits seuils (vigilance pour l’Oudon et alerte pour l’Authion). Les premières pluies de la fin du mois ont pu apporter un peu de répit aux cultures. En revanche, le débit moyen de la Loire a tout de même été faible (485 m³/s) par rapport à la moyenne mensuelle (1 110 m³/s). Et comme le précise Marie Mézières-Fortin, hydrobiologiste et bénévole à La Sauvegarde de l’Anjou, « la situation en Auvergne est préoccupante ; la tête de bassin de la Loire est sous tension en terme d’hydrologie, ce qui laisse entrevoir un étiage sévère pour la Loire cet été si la situation perdure ». Un appel à la vigilance donc, avec des répercussions possibles à anticiper.
Une telle situation doit nous rappeler l’importance de la gestion par bassin, intégrant le cycle de l’eau, et le besoin d’une gouvernance coordonnée pour les grands axes fluviaux. Pour contrer les difficultés du monde agricole, la préservation et la restauration des zones humides, le recours à l’agroforesterie et le travail sur la résistance et la diversité des variétés cultivées sont des pistes à développer.
La fin du mois d’avril et le début du mois de mai 2020 ont au contraire été marqués par des épisodes de forte pluviométrie (orages localisés). Si certains débits de cours d’eau ont pu en profiter voire même subir une onde de crue (risque de débordement notamment sur le bassin de la Sèvre Nantaise), ces phénomènes interviennent en pleine période de levée des semis de printemps, avec un risque de lessivage des sols et des intrants. Or une telle alternance entre des épisodes contrastés risque de devenir de plus en plus fréquente avec le changement climatique…