Les 9 et 12 octobre 2018, deux épandages agricoles sur des cultures de mâche dans le Val d’Authion (49) provoquaient l’intoxication de plus de 70 personnes et l’hospitalisation de 17 d’entre elles, obligeant le préfet de Maine-et-Loire à déclencher le plan blanc sanitaire. Ces intoxications avaient de fil en aiguille amené l’Etat à suspendre puis interdire l’utilisation de cette molécule. Deux ans après, FNE Pays de la Loire fait le bilan.
L’impréparation de la profession agricole aux changements de pratiques
Suspendue le 12 octobre 2018, l’utilisation du métam-sodium est totalement interdite en novembre 2018 suite à un avis de l’ANSES. Les maraîchers industriels qui utilisaient cette molécule pour stériliser les parcelles avant d’y installer de la mâche ont vécu cette décision comme un couperet et ont dû trouver en urgence d’autres façons de travailler : pourtant, cela faisait plusieurs années qu’ils reconnaissaient la nécessité de travailler à la recherche de solutions alternatives à l’utilisation de cette molécule, sur la sellette depuis longtemps, et repoussaient ce travail de fond. « Il est urgent que le monde agricole prenne les devants sur la question des pesticides et anticipent les changements de pratiques qui finiront par s’imposer. Le métam-sodium figurait sur une liste de molécules préoccupantes dans laquelle on trouve encore une dizaine de molécules, dont l’interdiction s’impose rapidement » indique Jean-Christophe Gavallet, président de FNE Pays de la Loire.
Une affaire entre les mains de la justice
Plus de 70 plaintes auraient été déposées dans le Maine-et-Loire pour blessures involontaires à la suite d’intoxications aux pesticides à base de métam-sodium. La Sauvegarde de l’Anjou fait également partie des plaignantes au vu des risques générés par l’utilisation inappropriée de cette molécule dangereuse. « A ce jour, ce dossier complexe est toujours en instruction devant la justice, à laquelle nous faisons confiance pour décider des suites qui seront les plus adaptées » indique Florence Denier-Pasquier, vice-présidente de la Sauvegarde de l’Anjou.
Signalement facilité des problèmes liés aux pesticides : une promesse non tenue de l’État
Suite à ces intoxications et devant le constat que ses services n’étaient pas suffisamment organisés pour traiter les signalements reçus, le préfet de région a annoncé début 2019 la mise en place rapide du système ayant fait ses preuves en Nouvelle Aquitaine ; le système PhytoSignal[1].
Guichet unique évitant aux
citoyens de se perdre dans la recherche d’un interlocuteur, PhytoSignal permet
de standardiser et centraliser le recueil des signalements et/ou des
plaintes liés aux épandages de pesticides. Il offre la possibilité de les décrire
en termes de fréquence, d’exposition et de symptômes associés, afin d’évaluer l’ampleur
du phénomène sur la région et d’assurer une prise en charge et un suivi
coordonnés avec les institutions compétentes.
« A ce jour
et malgré plusieurs relances auprès de l’ARS des Pays de la Loire, nous ne
savons toujours pas où en est la mise en place de ce système ni quand les
citoyens pourront enfin l’utiliser. Il y a pour nous urgence »
s’indigne Jean-Christophe Gavallet, président de FNE Pays de la Loire.
[1] https://www.nouvelle-aquitaine.ars.sante.fr/signaler-un-evenement-de-sante-en-lien-avec-les-pesticides-en-nouvelle-aquitaine